RIFF GAUCHE

Je vous présente mon jouet: Une belle basse vintage modifiée en gaucher avec au passage quelques modifications extrêmes.
J'en vois déjà s’apprêtant à me jeter à la figure tout ce qui leur tombe sous la main pour avoir "saccagé"une guitare pareille! Calmez-vous et laisser moi vous expliquer mon raisonnement.

La bête au départ.



Comme expliqué dans ma présentation, la basse avait souffert: Un micro manquant (ici le trou est masqué avec un bout de plastique peint en trompe l’œil), le chevalet cassé en deux (réparé par dessous avec une plaque de métal qui maintient le tout, rustique mais ça tient très bien!), la caisse est fissurée, la table se décolle sur la tranche et il y a des manques de matière dans les ouïes. Bref, l'option de la laisser ainsi est vite oubliée. Je ne peux pas la remettre en configuration d'origine, je ne pourrais plus en jouer, les potards vont me gêner et vas retrouver ce fichu micro manquant!
Reste donc l'option grand chantier! Oui les puristes vont hurler mais je m'en tape, j'ai pas prévu de la vendre un jour et puis, je fais ce que je veux d’abord!!

...

Faisons une petite pause et intéressons-nous à cette marque et son fabricant Crucianelli avec cette compilation d'infos issue de l'excellent site fetishguitars.
Prenez à boire et des Chips, y'a un peu de lecture!!

La société Crucianelli a été fondée en 1888 à Castelfidardo par Sante Crucianelli, ancien partenaire de Paolo Soprani et pionnier de l'industrie régionale de l'accordéon.

Face à la crise qui a frappé le secteur au début des années 60, l'entreprise a diversifié ses activités dans la fabrication de guitares, en suivant l'exemple d'Oliviero Pigini avec sa société Eko.

La relation avec Eko détermine l'histoire de toute la guitare de Crucianelli. Pendant l'ère du celluloïd des paillettes de la première demi-décennie, les deux sociétés sont en concurrence acharnée, pour chaque modèle Eko produit, Crucianelli contre-attaque et sort un instrument similaire. À partir de 1965, les deux sociétés se spécialisent de plus en plus dans leur propre domaine, Eko se concentre sur l'acoustique et les solidbodies , Crucianelli sur la semi-acoustique, et tous deux coopèrent avec Vox. Les contributions techniques d'Eko et Crucianelli se fondent sur certains modèles Vox (et même Eko). Olivieri Pigini prévoyait une fusion des activités de guitare des deux sociétés. Sa mort subite en 1967 n'a pas permis au projet de devenir réalité.

Sur le marché international, les gens pensent à tord que tout instrument à six cordes avec un revêtement en plastique à paillette coloré est une Eko. Les guitares Crucianelli sont très souvent confondues avec Eko et vendues comme telles. Ces guitares confessent rarement leur vraie origine, elles se confondent dans une multitude de sous-marques. Certaines appartenaient à Crucianelli, en particulier à Élite et aux noms plus rares Elli-Sound et Custom Built. PANaramic (de Pancordion Inc., NYC une accordéoniste d'Ernest F. Deffner) et Tonemaster (de The Imperial Accordion Co., Chicago), des modèles plus ou moins spéciaux sont fabriqués en sous-traitance pour le compte de grands clients tels que Vox et Baldwin mais aussi les marques d'importateurs américains comme España, Ardsley, FH, et une foule de petits distributeurs aux États-Unis.

Les Beatles et le boom de Mersey Beat de 1963-64 ont créé un grand pas en avant pour la musique - et un pas en arrière en ce qui concerne le matériel. Tout à coup, la guitare high-tech solidbody est tombée en désuétude parce qu'elle était trop fortement associée au rock instrumental des années 60 (The Shadows et Spotnicks en Europe, Dick Dale et la musique surf aux États-Unis).

Les groupes britanniques préféraient les anciennes demi-caisses faites par Gretsch, Harmony, Epiphone, Rickenbacker, même si ce n'était pas une vraie Gibson comme Eric Clapton dans sa période Cream. Même les bassistes voulaient leur semi-acoustiques, ce qui favorisa l' exposition totalement inattendue de certaines marques européennes (McCartney et sa Höfner, Bill Wyman et sa Framus). Pour tous les fabricants, avoir une copie ES-335 à son catalogue est devenu une obligation incontournable. En 1964, la popularité de Stratocaster atteignait un sommet. En 1967, la production a été presque interrompue. Suivant le mouvement, même Fender c'est essayé à produire sa propre copie de 335, la Coronado.

A cette époque Crucianelli était l'un des rares producteurs européens capable d'offrir un rapport qualité-prix raisonnable avec le look raisonnablement pro qui répondait à la demande. Les copies ES-335 de Crucianelli n'apparaissent pas au grand jour, étant sous-traitant comme d'habitude pour de nombreuses marques. Elles ont néanmoins été produits à des milliers d'exemplaires sous les noms de Vox, Tonemaster, Baldwin (corps seulement), España, FH, Élite et même (une rareté terrible dans la gamme électrique) ... Crucianelli!

L'engouement pour la 335 n'était pas seulement une question de mode, il y avait aussi des raisons pratiques derrière cela. Pour les jeunes, il était plus facile de se faire offrir à Noël un bel instrument au look classique qu'une extravagante guitare en plastique à paillettes aussi chère. Un musicien expérimenté qui voulait gagner sa vie dans la musique traditionnelle ou entrer dans un groupe de jazz aurait été mal accueilli avec sa Wandré scintillante ou une Eko-700 flashy, une guitare de style ES-335 rendait les choses plus facile. De plus ces guitares permettaient une utilisation à domicile sans un amplificateur qui coûtait si cher. La tendance au feedback des semi-hollowbodies n'était pas un problème en raison de la faible puissance d'amplification disponible à ce moment-là. Au contraire, permettre un peu de feedback a aidé la résonance spécifique qui caractérise le son de la guitare lead dans la musique pop du milieu des années 60. Vers 1969-1970, la soudaine disponibilité d'amplification à haute puissance a ouvert la voie à la dictature de LesPaul, mettant fin brutalement à l'ère de la domination de la semi-acoustique - et aux succès des guitares Crucianelli.

C'est bon, vous êtes encore là?

Alors donc on commence par tout démonter (déjà tout petit je ne pouvais pas m’empêcher le mettre en pièces tous mes jouets!...)



Ensuite, vient la phase de restauration de la caisse. Au programme, rebouchage des fissures et des trous d'origine et ponçage de la table. Elle seule sera repeinte.



A cette étape, je fais un essai avec les micros trouvés au States. Deux magnifiques et très bons Dearmond d'époque achetés pour une misère quand je vois les prix à présent!



Puis, c'est le passage en peinture avec les étapes de base, apprêt, couleur, vernis.





Vient ensuite le gros morceau! Que je vous explique. Je suis tombé raide dingue des modèles de chez Vox avec les effets embarqués. Repeat percussion (sorte de trémolo très sec) et Fuzz.
Mon idée est donc de profiter de cette restauration et de la place disponible pour m'inspirer de mes modèles favoris.
Le Repeat Percussion est sorti en version plug à fixer en sortie de basse. J'en trouve un sur le net encore une fois à un prix défiant la concurrence! Pour la Fuzz, je dépouille uns Little Big Muff Bass que j'utilisais (j'en rachèterais une!).
Pour cette opération, je laisse la main à un bon pote qui maitrise le sujet.



Au départ, tout ça devait être alimenté via une pile 9V mais les premiers essais nous feront changer pour une alimentation déportée passant par un jack stéréo spécifique.
C'est l'heure des premiers moke up pour voir l'implantation des potards.





Reste plus qu'à tout remonter.
Le super potard du sélecteur de micros est récupéré sur un vieux chauffage portatif!



Les potards sont regravés avec une machine de bijoutier.
Un petit coup de peinture or dans le fond...



On referme les trous percés au dos pour les accès techniques!



Un jeu de filet- plats gainé nylon et on vois le bout du tunnel!



je peux enfin faire mes premiers tests.



Je suis super content, j'ai enfin une basse peu commune qui sonne comme j'aime, ronde à souhait avec en bonus des effets terriblement efficaces (attention au gain de la Fuzz, ça part assez vite!!).

Voilà donc l'histoire de cette basse sacrifiée pour la bonne cause.
Je compte quand même faire refaire la peinture par un pro n'étant pas vraiment satisfait de mon travail à la bombe.

Sioux soon!!

Ici sur scène à l'occasion de la reformation exceptionnelle de notre premier groupe pour les 30 ans de la radio rock locale!

Super classe et super beau projet de restauration! (et c'est vraiment très réussi, en plus!)

Chapeau, un vrai post super intéressant, on voit que t'es passionné et le résultat est top

Et en plus tu remontes sur scène avec, pour une bonne cause! Bravo Spot
Jacques

Très sympa, même si la défonce arrière pique bien les yeux...

Spot a écrit :Oui les puristes vont hurler mais je m'en tape

Mettre un floyd ou des Duncans sur une strat des 50's ou bidouiller une Martin pre-war, oui, ça ferait hurler. Là, customiser une vieille italienne des 60's, y'a pas péril en la demeure. On ne peut pas dire que la cote soit plus élevée que celle "d'amour".

Félicitations à toi pour ce beau chantier !
A part l'électronique, tu as tout fait tout seul ?
C'est vraiment du beau travail.

Je n'aurais pas intégré dans la basse même les effets mais bon, ça se discute et ça évite les pédales.

bravo spot,
l'histoire de Crucianelli est très intéressante, idem que ta réalisation: B.R.A.V.O
ça me rappelle un peu les histoires non pas mon grand-père mais par feu: tube....., un ancien membre

t.

Cedre a écrit :Félicitations à toi pour ce beau chantier !
A part l'électronique, tu as tout fait tout seul ?
C'est vraiment du beau travail.

Je n'aurais pas intégré dans la basse même les effets mais bon, ça se discute et ça évite les pédales.

Etant d'un naturel bricoleur c'était pas non plus un chantier difficile, être patient et méticuleux. Il n'y a bien que la peinture que je voudrais refaire.
Sur la photo avec l'ampli Vox tu remarqueras le trolley s'inspirant de l'original (bien trop cher pour moi) que j'ai refais en partant d'un portant pour vêtements découpé et ressoudé.
Quand aux effets, c'est plus un délire et un challenge pour mon pote que de tout faire fonctionner. Et puis en utilisant un jack normal elle redevient une basse classique. A noter que grâce au poids rajouté dans la caisse, elle ne pique plus du nez comme avant!
En tout cas, merci pour vos coms et content que ça vous plaise.

captain.bondage a écrit :Très sympa, même si la défonce arrière pique bien les yeux...

Ben tu vois, celle en photo c'est celle d'origine (ou qui y était quand je l'ai eue). Les deux autres ont été faites dans les règles et proprement.

Spot a écrit :Vient ensuite le gros morceau! Que je vous explique. Je suis tombé raide dingue des modèles de chez Vox avec les effets embarqués. Repeat percussion (sorte de trémolo très sec) et Fuzz.
Mon idée est donc de profiter de cette restauration et de la place disponible pour m'inspirer de mes modèles favoris.
Le Repeat Percussion est sorti en version plug à fixer en sortie de basse. J'en trouve un sur le net encore une fois à un prix défiant la concurrence! Pour la Fuzz, je dépouille uns Little Big Muff Bass que j'utilisais (j'en rachèterais une!).
Pour cette opération, je laisse la main à un bon pote qui maitrise le sujet.

Très sympathique cette petite bête.

Si tu as connaissance de l’existence d'un de ces modèles Vox en gaucher (basse ou guitare).
Je suis preneur d'infos.

Une petite photo du plug et une référence seraient les bienvenues.
(par curiosité).

La fuzz sur les modèles originaux est plutôt une variation de FuzzFace.
Mais c'est vrai que sur une basse, je suis aussi plutôt orienté Muff.
(Et puis là, plus besoin de boost (quoique FuzzFace + Boost, çà a un charme incomparable)).

Reste plus qu'à monter la wha...

captain.bondage a écrit :customiser une vieille italienne des 60's, y'a pas péril en la demeure. On ne peut pas dire que la cote soit plus élevée que celle "d'amour".

Et non, toutes les italiennes n'étaient pas des pelles en balsa.

Etienne a écrit :Si tu as connaissance de l’existence d'un de ces modèles Vox en gaucher (basse ou guitare).
Je suis preneur d'infos.

A ma connaissance, il n'existe pas de Vox lefty (basse ou guitare). Phantom Guitars a produit des modèles en gaucher de guitares. Sur le site ils annoncent des basses mais on en a jamais vu la couleur.
Les deux seules basses Vox lefty que je connaisse ont été construites par Brandoni. Il y a une Phantom noire et une Teardrop triburst (la mienne!!!)

Etienne a écrit :Une petite photo du plug et une référence seraient les bienvenues.
(par curiosité).

Pas de problème, tous les effets embarqués Vox ont été déclinés en version plug.



Le Repeat Percussion est sorti sous la référence V809.
J'ai trouvé le miens dans sa boite d'origine avec la notice.



J'ai depuis fait refaire le circuit électronique que j'avais démonté.

Une petite vidéo trouvé sur le net.

Etienne a écrit :La fuzz sur les modèles originaux est plutôt une variation de FuzzFace.
Mais c'est vrai que sur une basse, je suis aussi plutôt orienté Muff.
(Et puis là, plus besoin de boost (quoique FuzzFace + Boost, çà a un charme incomparable)).

Reste plus qu'à monter la wha...

J'ai une Cry Baby bass que j'ai fait modifier pour éviter la perte de gain mais je ne l'utile plus des masses...

Etienne a écrit :FuzzFace + Boost

= tonebender

Spot a écrit :Et non, toutes les italiennes n'étaient pas des pelles en balsa.

Non, y'en avait en carton, aussi.
Franchement, on ne peut pas dire que la qualité des pelles européennes "abordables" des 60's (Allemagne, pays de l'Est, Italie) soit d'une moyenne très reluisante. Des pelles coups de cœur, avec quelques perles qui trainent. Mais c'est la même chose avec les japonaises des 70's/début 80's.

Si tu veux.
Il n'en reste pas moins que pour avoir essayé pas mal de basses, aucune ne me procure un confort de jeu égal.
C'est un vrai vélo! Elle est légère (quatre kilos environ) le manche est court et fin, l'action est basse et la palette de son disponible variée.
Je sais, je ne suis pas très objectif mais les Fender, rickenbacher et autres ne m'ont jamais satisfaites.
Aller, un peu de patience et je vous parle de ma Vox "Brandoni" lefty!

Merci pour les infos.
çà fait un petit moment que je me tâte à m'en faire faire une (version guitare).
En attendant, je m'amuse avec çà:
https://www.acidfuzz.com/products/sonic ... 1431086124

Impatient de voir la présentation de ta basse Vox.

captain.bondage a écrit :

Etienne a écrit :FuzzFace + Boost

= tonebender

Tu ne peux pas t'en empêcher...
Il faut toujours que tu simplifies les choses...

Etienne a écrit :En attendant, je m'amuse avec çà:
https://www.acidfuzz.com/products/sonic ... 1431086124

Impatient de voir la présentation de ta basse Vox.

Hargggh!!
J'attends d'avoir un peu de finances pour qu'il m'en fabrique une!!

Spot a écrit :Hargggh!!
J'attends d'avoir un peu de finances pour qu'il m'en fabrique une!!

Il faut surveiller régulièrement le site.
Et commander tout de suite quand johnatan se décide à faire un batch.
çà part très vite...

Une jolie et ancienne est partie pour ''pas très cher'' sur eBay la semaine dernière.
https://www.ebay.fr/itm/Sonic-Boom-Acid ... SwcJ1bDCPi
J'ai été fort, je n'ai pas enchéri (maintenant, je regrette )

Je peux te prêter la mienne si tu veux.
C'est une germanium, mais comme çà tu pourra te faire une idée avant d'en commander une à l'aveugle.

T'inquiète, je suis en contact avec lui.
J'ai eu l'occasion d'en tester une (sur une guitare) chez une connaissance.
Je suis trop fan!!

Spot a écrit :T'inquiète, je suis en contact avec lui.
J'ai eu l'occasion d'en tester une (sur une guitare) chez une connaissance.
Je suis trop fan!!

çà coute la peau du cul.
Mais, c'est un super jouet.

- Je découvre la belle & son histoire : Bravo, ça change un peu ...

banzaï